écrit par Sylvie | le 12 mai 2023 
Des centaines de milliers d’euros perdus en une nuit. Telle est l’ardoise d’un high roller anglais après une soirée arrosée au casino Aspinall, situé dans le quartier chic de Mayfair à Londres. L’affaire aurait pu en rester là, sauf que Lester Hui, businessman de son état, refuse de payer les 680 000€ (soit 600 000£ à l’origine).
Selon lui, l’établissement l’aurait outrageusement encouragé à jouer, lui servant le puissant spiritueux maotai pour l’enivrer. Il estime alors avoir été trop soul pour jouer de manière responsable. Et c’est le casino lui-même qui l’aurait poussé à boire.
L’alcool au cœur du scandale
La nuit où tout a commencé, en février 2016, Lester Hui tient salon à une table de baccarat double chance, dans l’un des gaming rooms du club. L’alcool coule à flots. Durant le procès, en mars dernier, il reconnait avoir déjà sifflé 3 bouteilles et demie de vins et de Champagne à ce moment-là de la soirée. Il aurait également contracté des crédits de jeux.
Mais c’est sans compter la partie de dés, entamée avec un cadre même de l’établissement. Chris De Lima, directeur marketing, l’aurait invité à une partie de pérudo (liar’s dice en anglais). On leur aurait ainsi servi du maotai, un puissant spiritueux très apprécié en Chine, à 54% (par comparaison, le whisky évolue autour des 45%).
À la fin de sa soirée, il lui échoit 680 000€ de pertes.
Bataille judiciaire
À ses débuts, l’histoire semble se régler d’elle-même. En effet, à l’issue de sa soirée bien mouvementée, Lester Hui édite au nom de l’établissement un chèque pour éponger ses pertes. Le fameux chèque s’avère être sans provision.
Le casino Aspinall ne se laisse pas démonter. Fondé dans les années 60 par le playboy John Aspinall, l’établissement ultra-chic se targue d’être synonyme de luxe et d’expérience de jeu sans pareil. Il a donc l’habitude des sommes folles dilapidées par sa riche clientèle. Le casino affirme avoir déjà tenté d’autres recours à l’amiable pour éviter un procès. Hui étant membre du club depuis 1996.
Mais Lester Hui, lui, est déterminé à ne pas payer. En septembre 2016, le casino a fini par le poursuivre en justice pour les 680 000€ de pertes impayées. Il l’accuse de rupture de contrat et non-respect de lettre de change. Depuis, les 2 parties sont engagées dans une bataille judiciaire où aucun ne démord.
Un casino irresponsable ?
La défense de Lester Hui repose sur le simple fait qu’il était trop soul pour être responsable de ses décisions, cette nuit-là. Selon ses propres mots, il était « ivre mort ».
D’après lui, le personnel « s’est délibérément abstenu d’intervenir pour l’empêcher de jouer », de sorte que « sous l’emprise de l’alcool, il a joué de grosses sommes et a ainsi perdu au profit financier du casino ».
En effet, durant le procès, le joueur a affirmé avoir déjà posé ses limites au personnel du casino. Ainsi, il aurait demandé aux responsables de l’établissement de le stopper à 30 000£ de pertes (≈ 34 000€), car il prévoyait de boire.
Par ailleurs, on l’aurait empêché de prendre des pauses entre les sessions, et servi régulièrement à boire. À l’en croire, le casino a failli quant à ses responsabilités sociétales, stipulées par leur licence.
Pour rappel, les licences de jeu obligent les opérateurs à mettre en place des dispositifs contre le jeu excessif. Entre autres obligations, les casinos sont aussi tenus de ne pas encourager le jeu et à refuser les joueurs problématiques. Cela vaut même pour les casinos en ligne.
De son côté, le casino nie tout en bloc. Les avocats du casino soutiennent que Lester Hui était assez sobre pour prendre des décisions éclairées. D’ailleurs, ils ont souligné que le joueur avait conduit lui-même au sortir de sa soirée. Chose qu’il n’aurait pas pu faire s’il était trop soul. Par ailleurs, Chris De Lima n’aurait trouvé rien d’alarmant quant à son état, ce soir-là.
Le casino réfute la limite des 30 000£ communiquées par Hui. En outre, il n’aurait pas pu le laisser jouer s’il prévoyait de se souler.
